« Hier nous avons visionné nos photos, ton art, mon corps. Nous avons ri de mon esprit critique. « J’aurais dû cambrer » ai-je lancé ironique. « A quoi cela aurait servi » m’as-tu répliqué.
C’est vrai, à quoi cela aurait bien pu servir ? À le mettre en valeur ? Mais ça veut dire quoi, le mettre en valeur ? Par rapport à qui ? À quoi ? Sur quels critères ?
Moi la féministe affirmée, j’observais mon propre corps en photo comme on traque l’animal dans une battue.
Être lisse, chasser l’aspérité, pourquoi cela serait-il plus « beau » alors que c’est surtout plus faux. Comment puis-je être autant incohérente avec mes propres valeurs d’authenticité et de corps libérés. Où se trouve ma vision de la beauté ?
Rentrer le ventre, cambrer le dos, où est passé la beauté du corps en mouvement, simplement en mouvement ? Oui parce qu’il sert à rire, à danser, à sauter, à réaliser nos projets, à ressentir des émotions, il n’est pas fait pour trôner dans une vitrine, il n’est pas un objet. A quoi servent ces poses médiatisées, toutes copiées /collées ? A qui sont-elles réellement destinées ?
Si se mettre à nu peut nous permettre de gagner en estime de nous-mêmes, n’est-ce pas contradictoire que de prendre une pose qui ne valorisera pas notre véritable corps, mais nous poussera simplement à tenter de ressembler à celui des autres ? Celles que nous avons appris à aimer car ce sont les uniques modèles que nous ayons eus. Reproduire cette position, c’est perpétuer cette manière de penser, c’est participer encore et encore à dévoiler un corps qui n’est pas réellement le mien. Que deviens ma propre estime, si même nue, je ne suis pas véritablement, moi ?
Merci pour cet exercice. »
Et parce qu’elle fourmillait d’idée, elle souhaitait terminer la séance en faisant quelques photos sous la douche !
Merci Clém pour ta confiance et tes réflexions !